juin 2008
Ils n’ont aperçu le bonhomme aux ongles sales qu’au moment où celui-ci s’est décidé à sortir du trou pour leur redonner leur passeport.
’Très classe’ se dit John, satisfait en détaillant la chambre. La tapisserie florale d’abord, couverte de lys et de muguet. La fenêtre ouverte, ils voyaient le Moulin Rouge. Ils étaient venus des U.S. pour ça !
« Charming » pensa-t-elle à voix haute.
« A bit expensive » se répéta t-il plusieurs fois mentalement.
Mais il n’allait pas gâcher le plaisir de sa femme, elle est si romantique. Après un petit repos et les dents brossées, ils décidèrent d’aller faire une promenade. Dans le vestibule à l’entrée, ils ont croisé le bonhomme aux ongles sales. Gill dit à John en anglais : « This guy isn’t very clean, he’s very French indeed. I hope isn’t going to make our breakfast ».
Le bonhomme aux ongles sales qui avait tout entendu répliqua tristement : « on risque de ne pas survivre à cause de toutes les règles de propreté et de sécurité qu’on nous impose ».
John et Gill sont sortis la tête basse, sans rien dire, ne voulant pas d’histoires. Ce qu’ils souhaitaient c’était aller au restaurant, au Moulin Rouge et ensuite au lit. Dans la rue, il demanda à Gill : « Where’s the key ? Have you got it ? »
Le petit bonhomme aux ongles sales est sorti lui aussi, il dit : « laissez là ici ». Puis après un moment court d’hésitation il ajouta : « non pas votre femme bien sur, la clé ! »
Arno Anquetil