UN ÉTÉ CHEZ LES SŒURS CARMÉLITES

Entre problèmes de santé et deuils douloureux, cette année fût si difficile qu’il nous fallait trouver un lieu à même de nous aider à trouver paix et sérénité, en mettant à profit les vacances d’été. Loin d’un quotidien pesant.

Sans bien savoir à quel saint nous vouer, il était certain que ni Saint Tropez ni Saint Moritz ne pouvaient répondre à nos aspirations. Alors, c’est auprès de la petite communauté de Carmélites du sanctuaire Notre Dame de Livron dans le Tarn et Garonne, entre Montauban et Villefranche de Rouergue, que nous avons trouvé notre bonheur.

Le sanctuaire se niche dans un vallon verdoyant des Causses du Quercy près de Caylus, un village médiéval qui a conservé tout son charme d’antan. Ruelles pavées et bâtisses de pierres du 12 ème siècle. L’histoire est présente à chaque coin de rue de Caylus jusqu’à la grande place centrale où se tenait le lavoir du village. C’est aujourd’hui la place du marché des producteurs locaux.

Le sanctuaire Notre Dame de Livron est marqué par le mystère et l’esprit de la vierge. C’est un lieu privilégié dédié à la spiritualité. La communauté de sept sœurs carmélites forme une petite famille pour accueillir des hôtes venus de différents horizons, assurant le gîte et le couvert aux visiteurs, randonneurs et pèlerins de passage, pour une retraite, seuls ou en groupe.

Les chambres individuelles avec salle de douche sont simples, d’une propreté scrupuleuse et donnent sur un balcon filant que surplombe un merveilleux paysage. Tout est silence, calme et volupté. Le corps y trouve le repos et l’âme le ressourcement.

Le lieu où le sanctuaire a été érigé est porteur d’une très ancienne légende, bien enracinée. En des temps reculés, on raconte qu’une bête terrifiante désignée comme le dragon avait pris pour repaire une grotte toute proche, semant la terreur dans toute la région avant d’être combattu et terrassé par le chevalier de la Gardelle, grâce à la protection de la vierge Marie. La population, soulagée et délivrée du terrible dragon voulu rendre hommage à la vierge avec l’édification d’une chapelle.

On commença a construire un premier mur mais le lendemain, les villageois découvrirent avec stupeur que les lourdes pierres avaient été déplacées jusqu’au lieu même ou la bête fut tuée. Ainsi sur ce site mythique pu s’élever la chapelle composée d’une nef principale avec une voûte gothique et 4 travées. Elle est prolongée par une chapelle basse. Un vitrail très coloré retrace l’histoire légendaire de Livron. La porte en bois dispose d’une clef dont on dit qu’elle est l’une des plus grosse du monde !

Aujourd’hui, le chemin emprunté par les anges bienfaiteurs pour acheminer les pierres existe toujours et il se poursuit par le chemin du paradis avant d’aboutir au village médiéval de Caylus. C’est ce même chemin angélique qu’emprunta Louis XIII qui vint à Caylus pour y faire des offrandes.

C’est dans ce lieu impressionnant et marqué par l’esprit de la vierge, loin des vicissitudes du monde moderne, que s’installa une communauté de carmélites sous l’impulsion du fondateur, père François Palau, venu d’Espagne. Fidèle à la tradition du carmel, il vécu ici en ermite, réfugié dans une grotte appelée aujourd’hui « Grotte du Bienheureux » depuis sa béatification par Jean Paul II en 1988, en reconnaissance de ses qualités hautement spirituelles et sa vie consacrée à la prière.

Dévoué à l’ordre du carmel, le sanctuaire est un ordre monastique contemplatif. Il est porteur d’une riche tradition spirituelle qui a fortement marquée l’église catholique, en particulier grâce aux apports théologiques et philosophiques des docteurs de l’église depuis le 14 ème jusqu’au 20 siècle. Issus de l’ordre du carmel, on peut citer Sainte Thérèse d’Avila, Jean de la Croix ou encore Sainte Thérèse de Lisieux canonisé en 1925 ainsi que Mère Thérésa.

Venir à Notre Dame de Livron, c’est faire l’expérience rare de la plénitude, de l’essentiel, de l’harmonie, en toute humilité, en goûtant à des joies simples qui permettent de se retrouver.

Une immense gentillesse caractérise l’accueil des sœurs vis à vis de leurs hôtes. Elles assurent ainsi l’organisation et l’hôtellerie tout en veillant constamment au bien être de chacun, se chargeant de nourrir leurs hôtes avec des mets délicieux cuisinés avec amour. Les sœurs carmélites viennent d’Espagne, du Kenya, de France ou même du lointain Chili comme sœur Anna Maria, mère supérieure et directrice du lieu.

Elles gèrent l’intendance, la vaisselle, les chambres, l’approvisionnement tout en assistant aux différents offices religieux. Consacrant du temps à la prière et à la vie communautaire, l’ordre du carmel assure son autonomie par un emploi du temps partagé entre prière, travail et repos.

Ceux qui viennent aujourd’hui au sanctuaire en toute simplicité, loin de la fureur et de l’agitation du monde, peuvent s’y ressourcer et se déconnecter sans ordinateur ni télévision. Si le silence n’est pas une obligation, il est cependant recommandé car propice à l’apaisement.

La nature exprime ici une grande vitalité. Dans cet environnement privilégié, on parcoure des chemins de grande randonnées et de simples sentiers de promenades. Ainsi, on peut tout à loisir parcourir le sentier du Livron, bordé par un délicieux petit cours d’eau. Jusqu’au 19 ème siècle, il alimenta plusieurs moulins. Aujourd’hui il demeure le cœur d’un écosystème protégé menant jusqu’à la Capelle Livron. Une cascade, désormais pétrifiée, a permis grâce à ses pierres solides et légères, d’édifier la chapelle. De là, on peu admirer une vallée arborée. Resplendissante.

Nous reviendrons certainement au sanctuaire Notre Dame de Livron, souhaitant à d’autres de pouvoir découvrir les joies de la sobriété heureuse à la rencontre des sœurs carmélites. Si Dieu le veut !